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Causerie d'une pandémie : la parole aux femmes

Dispositifs mis en place dans le cadre du projet de recherche-action SCIVIQ, les causeries cherchent à ouvrir un espace de parole aux habitant.e.s des quartiers populaires sur le vécu de la crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons depuis un an. Grâce aux méthodes ethnographiques, un climat de confiance est instauré entre les participant.e.s. Le 23 mars 2021, une causerie était organisée par Jessica Brandler, chargée de recherche et coordinatrice du projet, dans le quartier de Génicart-Est à Lormont. Retour sur cet après-midi d’échanges, facilités par Samirah Tsitohaina, chargée de médiation en stage au Forum urbain.

Dernière mise à jour vendredi 30 avril 2021


Cette troisième causerie s’est tenue lors du périodique « Café des parents », organisé par le centre social du quartier porté par l’association DIDEE. Une première a eu lieu le 10 février à la Composterie – Régie de quartiers de Lormont, une seconde a été animée par Anne-Laure Legendre au Foyer de Jeunes Travailleurs du quartier de Villeneuve-les-Salines à La Rochelle et d’autres sont à prévoir dans les prochaines semaines.

Ce temps d’échanges a principalement réuni les mères du quartier, davantage habituées à côtoyer le centre social. Il a permis de relever les difficultés auxquelles elles ont fait face pendant le premier et le second confinement, et d'aborder la manière dont la gestion du quotidien a été bouleversée par la pandémie. Cet échange a permis de les questionner sur les liens qu’elles entretiennent entre elles, avec le voisinage et comment cela a participé (ou non) à la mise en place d’initiatives de solidarité entre voisin.e.s pendant la pandémie.


Dans un premier temps, cette discussion les a poussées à s’exprimer sur leur relation au quartier qui est à la fois leur lieu de vie professionnelle, pour celles qui travaillent, et là où leurs enfants vont à l’école. Elles ont évoqué le rôle important qu’a joué le centre social, avant et pendant la pandémie, en tant qu’espace d’activités et de loisirs, d’expression et de rencontre.


Il a ensuite été question des impacts de la pandémie sur leur quotidien. Elles ont témoigné de la lourdeur des contraintes liées au confinement et de comment elles s’occupaient pour faire face à la situation. L’expérience du ramadan confiné a été difficile, mais elle a aussi permis aux femmes de structurer leurs journées autour d’une cuisine-plaisir qui permettait à certaines de s’évader (elles évoquent les odeurs, les textures, etc.).


Un des sujets les plus marquants de cette causerie a été celui des enfants, dont les mères assument en grande partie la charge. Devant assurer « l’école à la maison » pendant le premier confinement, sans toujours être équipées pour le faire, elles se sont inquiétées des restrictions à l'école imposées par les mesures sanitaires lors du deuxième confinement. Certaines avaient même l'impression que les enfants n'allaient plus à l'école, n'ayant quasiment plus de liens, d'échanges et de partage autour de celle-ci. Mais le vécu de l'"école à la maison" varie considérablement selon que la mère travaillait ou non pendant le confinement.


Enfin, les femmes présentes ce jour-là ont échangé sur les relations qu’elles entretenaient entre elles, avec leur voisinage et comment celles-ci ont évolué avec la pandémie.


Ce temps d’échange a permis de relever différents sujets en tension dans ce quartier depuis le début de la crise de la pandémie jusqu’à aujourd’hui. La catastrophe sanitaire de la Covid-19 a eu un impact important sur le quotidien de ces habitant.e.s issus de quartiers populaires. En plus d’amplifier le sentiment de solitude des habitant.e.s, elle a renforcé une certaine mise à distance de ceux-ci vis-à-vis de leur quartier et de leur voisinage. Ce temps d’échanges a montré que les lourdes obligations du quotidien en temps de confinement ont une part importante à jouer dans le peu d’investissement dans les relations sociales au sein du quartier, bien qu'elles n'expliquent pas à elles seules, et loin de là, le difficile ancrage des habitant.e.s dans leur zone d'habitation.

Toutefois, les initiatives telles que le "Café des parents" et autres ateliers et moments conviviaux, organisés entre autres par l’association DIDEE, permettent de mettre en place des espaces de discussion et d’activités pour être à l'écoute des habitant.e.s et de leurs besoins, et alléger le poids de la pandémie le temps d’un moment.

> En savoir plus sur le projet SCIVIQ


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