[RETOUR SUR] Rencontre "Evolutions du monde associatif"
Dans le cadre du projet de recherche-action SCIVIQ, une rencontre était proposée le 26 juin 2021 par le Forum urbain et son partenaire l'Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de Développement (IFAID) pour ouvrir un temps d'échanges avec une dizaine d'associations Lormontaises et des services de la Ville, autour des évolutions du monde associatif, du rôle des associations dans les quartiers et de leurs capacités à rebondir face aux contraintes et aux conséquences de la situation sanitaire. Retour sur leurs échanges avec une facilitation graphique de Sofia Tagliani, stagiaire au Forum urbain.
Depuis les années 2010, le monde associatif se reconfigure en France en suivant une "conduite du changement" voulue par l'Etat (baisse des subventions de fonctionnement, développement des AAP, etc) qui fragilise certains acteurs et actrices du champ. Cependant, le monde associatif est toujours bien présent et dynamique comme le montre sa forte capacité d'innovation sociale malgré les difficultés qu'il peut rencontrer, notamment en ces temps de pandémie (adaptation, nouvelles actions, solidarité, etc.).
Lors de cette rencontre animée à deux voix, la politiste Armelle Gaulier, chargée de mission à l'IFAID, a d'abord présenté le Dispositif Local d'Accompagnement (DLA), piloté en Gironde par l'IFAID, comme un outil pouvant aider à la professionnalisation des structures de l'ESS et à la pérennisation de leurs emplois, enjeux cruciaux en cette période de pandémie. De son côté, la sociologue Jessica Brandler, chargée de recherche au Forum urbain, a présenté les résultats de l'enquête de terrain en cours sur les effets de la pandémie dans les quartiers prioritaires du point de vue des acteurs et actrices du territoire et des habitant.es. Elle a notamment pu observer que malgré certains îlots de solidarités habitantes et la forte mobilisation de solidarités associatives, les sociabilités de voisinage s'étaient rétractées pendant cette période. On assiste à une augmentation du sentiment de solitude et d'isolement chez une partie importante de la population qui concerne les femmes (notamment les femmes seules), les jeunes et les personnes âgées, en particulier. Les inégalités sociales, économiques, générationnelles, de genre et territoriales se sont creusées, les plus précaires avant la crise étant les plus touché.es aujourd'hui par la situation, bien que la catastrophe sanitaire ait un impact sur l'ensemble de la population.
" Je n’ai pas encore le recul suffisant pour analyser la situation. A-t-on vraiment basculé dans autre chose aujourd'hui ? Il y a des publics tellement en difficulté, qu’ils se sont encore un peu plus repliés sur eux avec la crise sanitaire. C'était déjà difficile d'aller vers eux avant la pandémie, maintenant pour certains, on a le sentiment de les avoir perdus ! " - une salariée d'association
Toutes deux partagent un même constat :
- des associations qui participent immédiatement à l'effort de crise, en mettant à disposition des locaux pour des distributions de repas, en déployant des centres d'hébergement pour les femmes atteintes de la Covid-19, en produisant et en distribuant des masques, en maintenant le lien avec leurs adhérents et bénévoles, etc ; mais cela est aussi le cas des collectivités et d'autres acteurs et actrices des quartiers tels que les bailleurs sociaux qui ont su se mobiliser pour accompagner les publics les plus vulnérables dans ce contexte ;
- un État qui a su déployer des fonds de solidarité nationaux mais avec un système d'appel à projets parfois difficile à intégrer dans la situation actuelle qui ne permet pas de se projeter dans l'avenir, et des aides sociales à destination des structures -qui ont permis d'en préserver un grand nombre-, mais qui pouvaient représenter des circuits administratifs complexes à s'approprier dans une situation d'urgence.
Cependant, malgré les nombreuses difficultés auxquelles ont été confrontées les associations face à la pandémie, la vitalité de leurs actions et de leur engagement auprès des habitants.e.s et des partenaires ont permis d'accompagner au mieux et au plus près les habitant.es, dans ce contexte de crise.