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[RETOUR SUR] Séminaire de printemps du Forum urbain

le mardi 22 juin 2021 de 11:00 à 17:00

Le 22 juin dernier, chercheur.e.s, enseignant.e.s, étudiant.e.s et professionnel.lles de l'urbain se réunissaient à l'occasion du séminaire de printemps du Forum urbain pour débattre des transitions socio-environnementales à mettre en oeuvre pour transformer les campus universitaires bordelais. Retour sur les temps forts de la journée en texte et en image.

Dernière mise à jour mardi 25 mai 2021


L'objectif de ce séminaire était multiple. Il s'agissait de favoriser la rencontre entre les universitaires et professionnel.les travaillant sur la ville à Bordeaux et dans la région, de créer des synergies entre les projets en cours et les problématiques identifiées sur les campus et d'ainsi initier de futures collaborations chercheurs-praticiens grâce à nos dispositifs de recherche-action, projets tutorés et d'animation du débat public.

Interventions et échanges en plénière ont posé le cadre lors de la matinée, l'après-midi étant consacrée à des ateliers thématiques pour partager constats et solutions en croisant les champs d'expertise de chaque participant.e. Au-delà de leurs fonctions, les différents responsables opérationnels de l'Université, les enseignants-chercheurs et de nombreux acteurs présents avaient pour point commun d'être (ou d'avoir été) également des usagers des campus, s'exprimant sur les sujets de la mobilité, de l'insécurité, des commerces et de l'espace public.


Le Forum urbain, 6 ans depuis sa création, et maintenant ?

Interventions de Gilles Pinson (responsable scientifique du Forum urbain), Eric Macé (Directeur du Département de recherche CHANGES, Université de Bordeaux), Antoine de Daruvar (Vice-Président des Affaires Institutionnelles de l'Université de Bordeaux) et Jean-Pierre Ferré (Directeur du Crous de Bordeaux).

Les missions et activités du Forum urbain sont rappelés en préambule au regard de deux autres "interfaces" science et société de l'Université de Bordeaux : le Département Changes réunissant 12 unités de recherche en sciences sociales autour des défis posés à l'anthropocène et le programme ACT (Augmented university for Campus and world Transitions), qui vise à faire des campus des lieux d'expérimentations des transitions environnementales et sociétales grâce à un dispositif de living labs.

L’interdisciplinarité, l’internationalisation et l’engagement des partenaires sont convoqués comme autant de ressources pour faire face à des défis conséquents : construire des écosystèmes résilients et mieux connecter le campus à la ville ; renforcer le sentiment d’appartenance des usagers des campus bordelais ; prendre en compte l’expérience étudiante récente du distanciel, notamment dans la qualité et la quantité de l’offre de logements etc.

Deux leviers importants permettent à l'Université de se donner les moyens d'accompagner les transitions à venir :

  • La dévolution de la compétence « patrimoine »[1]de l’État vers l’Université, qui devient propriétaire et peut ainsi envisager des missions au-delà de l’Enseignement et de la Recherche ;
  • Le plan de relance étatique qui, par ses différentes vagues d’appels à projet, permet de financer des opérations de requalification du parc ancien et de construction de nouveaux logements sur l’existant (500 logements du village 1 du CROUS seront concernés dès 2022) .


Qu'est-ce qui pose problème sur les campus ? Quelles priorités peut-on se donner ? Auprès de quels types d'usagers et avec quelles retombées ? En mobilisant quelles ressources ? En s'associant avec quels partenaires socio-économiques ?


  • Atelier 1 : Santé, bien-être et inclusion

Animation : Thierry Oblet, enseignant-chercheur en sociologie (Université de Bordeaux / Centre Emile Durkheim), spécialiste des questions sociales en lien avec les politiques urbaines

Diagnostic
Le campus Pessac Talence Gradignan, à contrario des campus en ville (tel que celui de la Victoire), est vécu comme un lieu de passage. La vie étudiante, comme par exemple, les activités associatives, se déroule davantage à ses franges (Forum, Pessac centre etc.). Le manque de centralité et un périmètre difficilement préhensible conduisent à un fonctionnement du campus par îlot, avec peu de lien entre les différents bâtiments et beaucoup d’espaces sans qualité. La mobilité est perçue comme un facteur d'insécurité mais elle est également un levier important de la santé des étudiant.e.s.
Un autre constat important est l'absence d'une communauté étudiante uniforme rendant la communication difficile. Les populations sont disparates en fonction du type d'études, de l'année d'inscription, de la localisation du logement (celles et ceux qui habitent en ville étant les mieux intégré.e.s à la vie étudiante), du genre et de l'origine sociale et géographique.

Propositions
Plusieurs actions concrètes sont proposées pour fédérer et sensibiliser en associant étroitement corps enseignant, administratif et technique ainsi que des acteurs extérieurs : des rencontres pour partager expériences et vécus, des formations ou des activités qui permettent de faire ensemble (ex. des temps d’intégration).

Moyens
Plusieurs ressources se sont révélées essentielles lors de la crise du COVID-19 et sont à renforcer :
- l'espace santé étudiant situé dans le nouveau bâtiment l'Escabelle : services sanitaires, enquêtes et dispositifs d'urgence ;
- les différents équipements sportifs et les espaces extérieurs du campus ;
- le numérique mis au service d'une meilleure diffusion des informations et de la coordination des différents acteurs.
Les participant.e.s s'accordent sur un élément majeur : prendre en compte les différents profils d’étudiant.e.s.


  • Atelier 2 : Campus durable dans la ville

Animation : Guillaume Pouyanne, enseignant-chercheur en économie (Université de Bordeaux / GREThA), spécialiste des mobilités et des marchés immobiliers

Diagnostic
Les campus sont des enclaves dans la ville, peu importe le contexte urbain dans lequel ils s'insèrent : pas d’habitants permanents, pas de votants, ni de représentants et peu d'aménités permettant d'autres fonctionnalités que celles en lien avec l'enseignement supérieur et la recherche. Au fil de la discussion, les participants se retrouvent face à la contradiction suivante : tout le monde appelle de ses vœux le développement d'une qualité de vie urbaine sur les campus, et dans le même temps, on sent bien qu'il faudrait préserver ces mêmes caractéristiques pour protéger la biodiversité, mieux gérer la ressource en eau ou autoriser les installations temporaires des gens du voyage. Finalement, cette tension entre « extra-territorialité » et « urbanité » est peut-être ce qui fait des campus des territoires propices aux expérimentations.

Propositions
Pour dépasser cette tension, il apparait nécessaire de faire des choix clairs pour sanctuariser, voire "re-naturer" certains espaces d'un côté, et de l'autre développer de nouvelles activités (culturelles, commerciales, économiques, associatives, évènementielles, etc.), en privilégiant la réhabilitation du bâti existant et le réemploi de matériaux. Les participants insistent néanmoins sur le fait qu'il n'est pas question de reproduire l'urbanité de centre-ville, mais de plutôt proposer un autre type d'expérience urbaine au sein de grands espaces et de tiers-lieux institutionnalisés ou plus éphémères.
La question des conditions d'accessibilité aux campus et de mobilité à l'intérieur et entre les campus semblent être urgente à traiter. Il s'agirait dans un premier temps de mieux connaitre les besoins des différents types d'usagers en réalisant une grande enquête, de se doter d'indicateurs d'impact et dans un second temps, d'engager une réflexion sur un nouveau partage de la voirie plus équilibré et incitatif pour les modes actifs (marche, trottinettes, vélo, etc.) et partagés (covoiturage et autopartage) avant d'envisager des investissements « hard » (infrastructures, aménagements de l'espace public, services associés) et « soft » (indication des temps de parcours, réseau d'étudiants ambassadeurs du développement durable, etc.).

Moyens
Pour ce faire, il semble nécessaire de s'appuyer sur une instance de gouvernance ouverte aux communes riveraines, et responsable de la mise en œuvre d’un plan d’actions. Des financements devront être mis sur la table dans le cadre de partenariats publics-privés, mais peuvent aussi être mutualisés des outils comme le propose Bordeaux Métropole sur le sujet des mobilités. Par ailleurs, tous les participants relèvent le double intérêt, pédagogique mais surtout qualitatif, d'associer étroitement les étudiants de diverses formations à nos réflexions dans un cadre pédagogique (projets tutorés, stages, etc.).


  • Atelier 3 : Alimentation et écosystèmes résilients

Animation : Nathalie Corade, enseignante-chercheure en économie (Bordeaux Sciences Agro / INRAE-ETBX), spécialiste des questions d'agriculture urbaine

Diagnostic
Sur le campus universitaire, il existe un vrai problème d’accès de la population étudiante à une alimentation de qualité. Cela est dû à des raisons d’ordre économique (les étudiant.e.s ne disposent pas de ressources importantes à consacrer à l’alimentation), socio-spatiales (les infrastructures du campus ne sont pas attractives et les espaces dans les résidences universitaires n’encouragent pas ses occupants à dédier du temps à la préparation de plats) et générationnelles (cf. les habitudes alimentaires des étudiant.e.s). Le système de restauration collective proposé par le CROUS détient le monopole de l’offre sur le campus, et pourtant, seulement 10% des étudiant.e.s profite de ce service. Il est nécessaire d’améliorer l’attractivité et la qualité de l’alimentation proposée par le CROUS et de maintenir des prix accessibles au-delà des périodes d’urgence. Cette question a été longtemps désertée par les pouvoirs publics, il est temps d’inverser la tendance.

Propositions
L'alimentation doit retrouver une place dans les campus. Parmi les propositions qui sont ressorties, il y a celle de dédier davantage d'espaces à des activités agricoles. Cela pourrait se lier à l’installation sur le campus d’infrastructures collectives pour cuisiner ensemble, des espaces attractifs équipés de tout le matériel nécessaire. Des ateliers de découverte de certains produits pourraient y être organisés. L’ensemble des participant.e.s s’accorde sur le fait qu’il faut penser ces projets en prenant en compte dès le départ la formation des jeunes. Par ailleurs, et pour que ces projets sortent de terre, il semble nécessaire de créer des postes d’animateurs ou animatrices pour porter l’ensemble de la démarche, en charge de faire les diagnostics, d’identifier les partenaires, de repérer les sources de financement, de relancer les partenaires, etc. En d’autres mots, il s’agirait de faire de mettre en place des moyens d’ingénierie territoriale pour l’avancement du projet.  

Moyens
Il existe un décalage entre la temporalité longue des projets et le turn-over régulier des étudiant.e.s. Les habitant.e.s des quartiers autour du campus pourraient devenir une ressource pour pallier ce problème. Il faudrait en effet briser la vision du campus comme d’un espace en autarcie et mettre en place des projets qui associent l’ensemble de la communauté universitaire et les personnes qui vivent à l’extérieur. A ce titre, il est très important que tout projet qui sera mis en place soit co-construit avec tous les usagers concernés. Enfin, le temps que les enseignants-chercheurs et les étudiant.e.s vont consacrer à faire avancer ce type de projets est une ressource fondamentale, qui doit trouver une valorisation adéquate.


La journée s'est terminée par une visite guidée par l'Alternative urbaine Bordeaux, proposant une forme de tourisme de proximité au service de l'insertion professionnelle, pour découvrir le Parc aux Angéliques et le quartier de la Bastide.


> Un compte-rendu exhaustif sera envoyé prochainement aux participants de la journée.


Date et lieu : mardi 22 juin 2021, de 11h à 16h, aux chantiers de la Garonne (Parc d'Activités des Queyries, 21 Quai de Queyries, 33100 Bordeaux)





[1] Patrimoine constitué de 4 campus et 14 sites en Nouvelle-Aquitaine, 187 hectares de campus dont 140 hectares d’espaces verts, 542 500 m² de locaux.

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