Stéphane Hirschberger, le praticien-pédagogue
Crédit photo : Forum urbainStéphane Hirschberger est enseignant titulaire à l’EnsapBx depuis 2004, et responsable du parcours de master "Intelligence et architecture des territoires" dans lequel il s’investit beaucoup. Animant par ailleurs sa propre agence d’architecture, il se définit comme un praticien curieux, spécialiste de l’architecture, de la ville et des territoires. Portrait.
Entretien réalisé par Marine Luce, stagiaire au Forum urbain en 2019.
Parlez-nous de votre activité professionnelle.
Je suis responsable d’un parcours de master à l’Ensap de Bordeaux qui s’intitule "Intelligence et architecture des territoires" (IAT), et qui propose trois ateliers de projet en partenariat avec le master "Stratégies et gouvernances métropolitaines" (SGM) de Sciences Po Bordeaux. Je supervise, coté archi, le module d'enseignement qui encadre les projets tutorés communs à ces deux masters, avec Gilles Pinson. Cette fonction occupe la majeure partie de mon emploi du temps, qui comprend aussi des heures d'atelier en licence dans le champ disciplinaire "villes et territoires". Je donne également un cours sur la lecture des formes urbaines à Sciences Po Bordeaux. Parallèlement à mon travail d'enseignant, j'anime une agence d’architecture.
Quels sont vos liens avec la recherche ?nbsp;
J’écris des articles quand j’en ai l’occasion, mais je ne produis pas stricto sensu de recherche académique car je me situe plutôt du côté des patriciens. Avec mon engagement à l'école et au sein de mon agence, je pense avoir développé une curiosité professionnelle et pédagogique qui fait de moi un "praticien intellectuel". Je suis souvent à la recherche de formes d'enseignement inédites. Continuer à développer IAT et les projets tutorés est en fait une recherche permanente, avec des sujets chaque année différents, des questionnements pédagogiques sur la forme à donner à ce dispositif pour l’améliorer sans cesse, des interlocuteurs variés… cela nécessite une certaine gymnastique intellectuelle !
Comment appréhendez-vous les grandes questions urbaines ?nbsp;
Il s’agit selon moi de permettre aux futurs architectes de comprendre l’importance du contexte dans la production du projet. Le contexte est ici considéré au sens le plus large: un environnement physique, des conditions de gouvernance, une histoire particulière, un jeu d'acteurs spécifique... Tous ces paramètres nécessitent d’être pris en considération pour modeler le projet. C’est d’ailleurs ce que nous essayons de transmettre dans les projets tutorés IAT/SGM. Traditionnellement les étudiants travaillent sur des projets qui s’inscrivent dans des contextes sur lesquels ils sont peu questionnés. Nous avons développé cette question au plus loin pour leur permettre de développer une approche globale des territoires et des projets, ce qui est aujourd'hui essentiel.
Auriez-vous un élément maquant de votre parcours à partager ?nbsp;
Si quelque chose m’a marqué durant mon parcours, c’est la relation que j’ai développée avec mon mentor Alexandre Chemetoff[1] avec qui j'ai travaillé quelques années et dont le courage et la combativité m’accompagnent. C’est une personne dont j’admire l’attitude professionnelle et la pensée, et qui m’inspire toujours.
Comment se passe l'une de vos journées type ?nbsp;
Je suis la moitié de la semaine à l’école d’architecture et l’autre moitié dans mon agence, mais cela dépend des périodes et je jongle entre les deux. J’ai heureusement une associée "historique" qui développe les projets de l'agence au quotidien. Pour me permettre de concilier mes deux emplois du temps, je m’occupe essentiellement des phases d'initiation des projets qui nécessitent moins de présence à l’agence. Je porte ainsi sur eux un regard plus "extérieur".
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Je compte continuer à m’investir dans les projets tutorés des masters, en élargissant le cercle des structures commanditaires et en mettant l’accent sur la valorisation des productions des années passées. J’apprécie que beaucoup de sujets innovants soient abordés dans ces projets et je pense qu’ils nourrissent les réflexions des commanditaires tout en créant de nouvelles vocations chez les étudiants.
Que représente pour vous le Forum urbain ? Que vous apporte-t-il ?
Il nous apporte tout un réseau qui est une ressource, pour nous enseignants et pour les étudiants. Pour moi, cela permet également d’ouvrir les écoles d’architecture, souvent trop centrées sur elles-mêmes, sur des thématiques urbaines plus vastes. Le Forum urbain, c’est donc une bouffée d’air. Il permet de rencontrer d’autres personnes qui travaillent sur les phénomènes urbains avec des approches et des sujets différents des miens, souvent nouveaux pour moi. Je me sens comme un enfant lorsque j’assiste aux conférences du Forum urbain !
Avez-vous des loisirs ou des hobbies en dehors du travail ?
J’ai des activités spirituelles très importantes et qui occupent une autre grosse partie de ma vie. Elles s’organisent entre des temps de lecture et d'étude, de pratiques mais également d’enseignement.
Auriez-vous une lecture ou un film à nous conseiller ?
En ce moment je lis une biographie sur Mohamed Ali écrite par Thomas Hauser, Mohamed Ali, sa vie, ses combats. Je conseille par ailleurs la lecture des œuvres du barcelonais Manuel Vasquez Montalban, notamment Les mers du sud, une véritable référence pour moi.
[1] Architecte-urbaniste et paysagiste, Grand prix international d’urbanisme en 2000.