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Université de BordeauxCluster of excellence
 

Olivier Chadoin : le sociologue, les architectes, l’architecture et la ville

Olivier Chadoin : le sociologue, les architectes, l’architecture et la villeCrédit photo : Forum urbain

Olivier Chadoin est spécialiste de la sociologie des architectes et c’est ce terrain d’étude particulier qu’il articule à une recherche sur la fabrique de la ville. Aujourd’hui maître de conférences HDR à l’ensapBx, il enseigne la sociologie aux architectes de demain tout en restant à la recherche de nouveaux sujets à traiter. Portrait.

Entretien réalisé par Marine Luce, stagiaire au Forum urbain en 2019.
 
Quelles sont vos grandes thématiques de recherche ?

Je m’intéresse à la fabrique urbaine, ce qui est une façon pour moi de faire de la sociologie de la ville bien que cela soit considéré comme faisant partie du registre de la sociologie des professions. Sur le sujet, le premier ouvrage que j’ai publié avec Guy Tapie et Patrice Godier est intitulé Du politique à l'œuvre. Bilbao, Bordeaux, Bercy, San Sebastian, systèmes et acteurs des grands projets urbains et architecturaux (2000). Il s’intéresse aux différentes façons de produire de l’urbain. Ensuite est venu Etre architecte, les vertus de l’indétermination (2007 et 2013) plus précisément sur cette profession. J’ai ensuite développé d’autres thématiques de travail en sociologie urbaine. J’ai été amené à travailler il y a cinq ans avec Thierry Jeanmonod et Eric Chauvier[1] sur une enquête portant sur les petites et moyennes villes. C’est une thématique de recherche qui m’intéresse beaucoup. Je suis aussi sensible au rapport entre la politique et l’architecture, et j’ai eu l’occasion de travailler avec Gilles Ragot[2], un spécialiste de Le Corbusier, sur la Cité refuge à Paris.

Comment vous êtes-vous orienté vers la recherche ?

C’est d’abord ma volonté de questionner l’ordre social et de le comprendre qui m’a motivé à m’intéresser d’abord à l’anthropologie puis à la sociologie. J’ai commencé mes études de sociologie à Bordeaux jusqu’au DEA[3], puis j’ai continué sur Limoges pour suivre l’un de mes professeurs qui y développait un nouveau département de sociologie. J’y ai fait ma thèse sur une thématique de recherche que j’avais déjà développée jusqu’alors, et qui se focalisait sur la profession d’architecte. Ce sujet m’avait déjà amené à rencontrer des personnes qui sont aujourd’hui mes collègues, comme Guy Tapie et Patrice Godier qui travaillaient sur le même sujet. Après ma thèse, j’ai développé une petite activité libérale de sociologie urbaine qui m’a permis d’approcher plus encore le travail des architectes et des urbanistes, puis j’ai intégré l’ENSA[4] de Paris La Villette et le LET-Lavue CNRS 7218 (Laboratoire Espaces Travail rattaché à l’école d’architecture de Paris la Villette et au Lavue). J’ai ensuite profité d’une mutation pour revenir dans ma région d’origine et cela fait maintenant 7 ans que je suis à Bordeaux.

Quel est selon vous, l'apport de vos recherches pour les grandes questions urbaines ?nbsp;

Je ne pense pas que ce soit à moi de juger de l’apport de mes recherches sur les grandes questions urbaines. Cela dépend de ce que les lecteurs et les autres chercheurs en font. De mon côté, j’essaie de produire des connaissances utiles au monde professionnel que j’étudie, et d’alimenter la recherche en sciences sociales urbaines.

Comment se passe l'une de vos journées type ?

J’aimerais beaucoup que ma journée type ressemble à la journée idéale dans laquelle j’aurais tout le temps que je souhaite pour lire les revues et livres qui paraissent dans mon champ d’étude, et dans laquelle je pourrais distinguer mes temps d’enseignement, de terrain, d’écriture et de recherche. Finalement ce n’est pas comme ça que cela se passe, les activités se chevauchent, il faut s’organiser et aussi accorder du temps au travail administratif auquel les enseignants-chercheurs ne peuvent se soustraire !

Auriez-vous une anecdote à partager sur une réussite ou un échec dans votre vie de chercheur ?

Je me souviens d’un événement survenu lors de l’un de mes cours de sociologie alors que je n’étais encore qu’un jeune enseignant. A la fin de mon introduction à la sociologie, l’une de mes étudiantes m’arrête et me livre un laïus sur l’inutilité d’étudier les inégalités en sociologie, puisque celles-ci sont légitimes et qu’il est donc superflu de chercher à comprendre pourquoi elles existent. C’est assez déstabilisant lorsque l’on débute l’enseignement et que l’on pense que l’on va intéresser tous les étudiants avec des sujets d’injustices et d’inégalités. Ce fût pour moi un "super fail" qu’aujourd’hui je serais en mesure de surmonter.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?nbsp;

J’ai récemment obtenu mon HDR (habilitation à diriger des recherches), et j’aimerais beaucoup encadrer des doctorants et continuer entre autres à approfondir le sujet des petites et moyennes villes. Bien sûr, j’aimerais continuer à m’ouvrir à de nouvelles méthodes de recherche et à de nouveaux sujets. D’un autre côté je veux rester actif dans l’éducation de mes enfants et les amener jusqu’à leur vie d’adulte.

Que représente pour vous le Forum urbain ? Que vous apporte-t-il en tant que chercheur ?

C’est l’opportunité de rencontrer d’autres collègues sur des domaines d’études proches, et de nourrir des partenariats entre chercheurs. C’est également l’occasion de continuer de se former en assistant aux événements organisés par le Forum, et aussi d’y participer en tant que chercheur. Je vais d’ailleurs bientôt animer l’une des rencontres du Forum urbain sur l’urbanisme 1.0, autour d’un livre de Dominique Lorrain.

Avez-vous des loisirs ou des hobbies en dehors du travail ?nbsp;

J’ai été pendant longtemps président d’une association consacrée aux dites "musiques amplifiées et actuelles" car je suis un passionné de musique. Je fais aussi de l’équitation, c’est une pratique héritée de ma tradition familiale. Autrement, j’apprécie les voyages, les séries et surtout je me qualifierais comme un bon vivant du Sud-Ouest !

Auriez-vous une lecture ou un film à nous conseiller ?

Ma lecture du moment est Une histoire populaire de la France de Gerard Noiriel. Concernant les séries pour éviter de répéter The Wire, bien que ce soit une excellente série, je conseillerai Mind Hunters, une série sur les profilers dans les années 60. J’aimerais aussi partager quelques groupes de musique que j’écoute en ce moment comme Courtney Barnett et The Idles que je conseille vivement !

Quelques travaux disponibles en ligne :
[article] "Le visuel et le conceptuel. Sur l’usage des images dans la revue actes de la recherche en sciences sociales" (avec Gérald Houdeville)Revue Française des méthodes visuelles, 2017.
● [article] "Le champ architectural et ses marchés : un cas de réhabilitation symbolique", Actes de la recherche en sciences sociale, 2016.
● [article] "La recherche comparative urbaine, entre artisanat et industrie" (avec Maurice Blanc), Espaces et Sociétés, 2015.
● [article] "Les formes informent : sur le retour du symbolique dans la fabrique de la ville néolibérale", Question de communication, 2014.
● [article] "L'architecte coordonnateur entre originalité et ordre", Les Annales de la Recherche Urbaine, 2010.


[1]
 Thierry Jeanmonod est architecte-urbaniste, enseignant-chercheur à l’ensapBx spécialisé dans l’étude des phénomènes d’urbanisation. Eric Chauvier est anthropologue et enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles.
[2] Gilles Ragot est historien de l’art et enseignant à l’ensapBx.
[3] Diplôme d’Etudes Approfondies
[4] Ecole Nationale Supérieure d'Architecture

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